vendredi 2 mai 2008

L’arbre Maître

L’arbre Maître


L’arbre cosmique est le centre du monde et l’échelle qui y mène.
Il est la force viride puisant au cœur de la terre qui s’élève jusqu’aux cieux.
Il est en bas.
Il est ici.
Il est en haut.
Il est au centre de tout, à la fois en moi et à l’extérieur de moi.
Son emplacement ne connaît pas les mêmes lois que moi car je me limite.
Ma crainte du vertige et ma peur de l’immense créent une frontière autour de mon univers.
Pourtant mon être est cet arbre, cet axe, cette échelle.
En prendre conscience fait circuler la sève du monde.



Soudain face à l’arbre l’emprise cessa.
Dans le cercle de sa frondaison dans celui de son chant/champs, le brouhaha qui à chaque seconde tentait de faire de moi un être de dépendance jusqu'à la folie, cessa et fut remplacé par une douceur et un bien être d’une indicible puissance.

Les chaînes qu m’enserraient se desserrent et tombèrent au sol.

Mon souffle se fit plus ample et mes perceptions se modifièrent, s’affinèrent et m’ouvrirent à une présence qui ne voulaient et n’attendait rien de moi, une présence centrée et rayonnante de la danse des forces du ciel et de la terre qui montaient et descendaient en lui, devenu l’arbre cosmique.

Le Maître arbre, rayonnait alentour d’une radiance que je ne pouvais que qualifier...d’amour, c'est-à-dire d’un total sentiment d’ouverture et d’acceptation de toute vie, de toute chose.

Cette « voix » d’arbre participait à un tout que je perçu soudain comme un chœur infini allant du moindre grain de terre aux étoiles, de la moindre feuille aux soleils, un chant parcourant toute la création et au delà…

A cet instant je devins poreux, plus léger, comme si chacun de grain de matière dont j’étais constitué était soudainement entouré d’un souffle dont il devenait le centre.

Un souffle à la fois doux et puissant parcourait mes cellules et je ressentais en moi les galaxies, la terre dont j’étais fait.

Le feu secret qui me donnait chaleur et vie me révélait ses forges.

Je découvrais, émerveillé, que de puissants fleuves et des ruisseaux coulaient en moi.
Je sentais avec force le flux et le reflux de marées intérieures.
Un chant me fut offert :
i
Prière Chamane.

Mes os sont de pierre.
Je célèbre la pierre
Mon sang est d’eau.
Je célèbre l’eau.
MA chair est de terre.
Je célèbre la terre.
MA chaleur est de feu.
Je célèbre le feu.
Au centre de moi se tient une source qui abreuve et irrigue toute vie.
Au centre de moi se tient un soleil qui illumine et fait croître toute vie.


Un souffle, plus qu’un souffle, caressait mon être tout entier jusqu’en son centre qu’il me révélait et ou je le découvris, se tenait l’arbre, présence d’une stupéfiante beauté qui me dit alors ce que les mots ne pouvaient dire mais qui je le sentais ne se partagerait que dans les actes.

J’étais poreux, ouvert.

Dans le flux qui allait et venait en moi se tenait l’axe du monde.

« Tu n’es rien ! dit une voix »
Je l’acceptais car dans cette vision là peux m’importait de n’être rien tant la contemplation de cet instant me suffisait. J’étais alors riche de pouvoir ressentir et vivre l’indicible présent.
J’étais observateur et plus bien plus que cela. Infiniment plus.
J’étais l’élan qui parcourant la joie des mondes.
J’étais le souffle puissant du monde.
Le souffle de vie.



Combien de temps cela dura t’il ? Je ne saurais le dire. Mais cela m’amena jusqu'à « JE SUIS ! »

Lorsque j’ouvris les yeux l’arbre était là...d’une autre manière.
Mais chaînes elles aussi étaient toujours là…mais d’une autre manière. Moins serrées... mais surtout je les voyais.