dimanche 28 décembre 2008

 

Frère Etoile

Le bois fol

 

 

 

Le temps chamanique n’est pas le temps ordinaire.

LA vision chamanique n’est pas la vision ordinaire.

La présence chamanique n’est pas présence ordinaire.

Et pourtant tout cela est d’une simplicité désarmante.

 

 

J’ai pris la piste de sable blanc qui passe au bord de l’airial de Bladey  et j’ai pénétré dans la forêt.

Très vite, plus vite que d’habitude et  j’en suis étonné, je me sens accueilli par la forêt dont  je perçois avec force  les présences qui l’habite.

Quelque chose  a changé.


De loin je perçois  le bois fol qui a senti ma présence et qui m’appelle de manière amicale

        Trace  pour nous un cercle ! Douceur du cercle !

Non seulement je suis surpris de  ne plus  sentir  de méfiance à mon égard mais je me demande bien ce qui peut avoir ainsi changé dans ma  relation avec cet insolite bosquet

Je demande donc et aussitôt il me répond :

-          la montagne t’a changé. Frère étoile t’a lavé. Tu es plus proche de nous. Le parfum  de ton âme n’est plus le même. 

Étrange dialogue alors que je suis encore à quelques centaines de mètres du bois : ces voix là ne connaissent donc pas la distance.

A ces mots je réalise que depuis ma nuit passée sur le mont  Bugarach c’est là ma première grande balade dans la nature.

Comme il est facile de se laisser emporter loin de l’essentiel

Alors que je marche dans la forêt, je me sens de plus en plus léger. C’est une sensation très agréable. Mon corps devient de plus en plus vibrant.

De mon second regard, celui qui se tient de l’autre coté de cette réalité (je m’étonne de l’évidence avec laquelle j’énonce cela, mais c’est aussi simplement comme ça), je perçois des sortes de filaments lumineux et vaporeux qui me parviennent depuis chaque plante, chaque arbre  qui viennent tisser un cocon ou un œuf  de lumière autour de moi.

Je ne saurais dire s’il s’agit de tissage ou de réparation probablement les deux.

C’est doux, c’est tiède, c’est bon.

Je me sens totalement  accepté par les vies autour de moi.

Les grillons chantent paisiblement et  des myriades d’insectes volant bourdonnent dans l’air.

C’est envoûtant et tout en ces instants respire une paix d’une simplicité évidente.

L’atmosphère est emplit du sacré des temples.

Tout transpire la foi, une foi simple et essentielle.

Sous les herbes je découvre des girolles.

-          Nous nous offrons à toi, pour que notre vie danse en toi.

La nature reprend en chœur :

-          Nous t’offrons la vie. 

Et je réalise qu’il n’est nul besoin, de couper, sécher les végétaux ni même d’élixirs floraux pour profiter de leurs vertus, être soigné, harmonisé car l’énergie de vie coule vers moi depuis chaque présence.

A mesure que je m’approche du bois fol, mon énergie croit.

A l’entrée du bois,  une vielle souche de chêne couverte de mousse, comme un autel ou un féerique fauteuil de brun et de  vert  intense attire mon regard

-Assieds toi là !  Me dit une voix.

Je m’assois

En ressentant  l’acceptation du bois  je perçois aussi en moi la présence de  l’énergie de la montagne qui m’accompagne depuis ma quête de vision et qui ne m’a plus quitté.

Avant même que j’ai posé une question j’entends la voix du bois…

-          Ecoute avec attention ! disent ils.

 Frère étoile est une porte d’où se déverse une force nouvelle.

Frère étoile est pluie de lumière, comme celle qui a plut sur toi à Bugarach.

 Frère étoile pleut et fait croître les récoltes de demain.

Frère étoile fait grandir les forêts de demain

Frère étoile irrigue les cœurs des humains de demain.

Et pour ceux-ci, il sera  douceur du cercle.

Mais frère étoile sera aussi  croissances de la colère, de la peur, de la cupidité  pour  ceux qui

Qui résisteront  au changement qu’il génére.

Un temps  l’ombre croîtra, un temps  puis elle pourrira en humus fertile.

A cet instant tout à l’écoute, les yeux dans le vague alors  je regarde un tronc moussu, une sorte de visage apparaît et me sourit puis disparaît. Sourire de faune.

A présent nous t’acceptons parce que la montagne t’a parlé, parce que tu as reçu la pluie et l’or de la pluie  et que tu l’as écouté sans peur. La peur est un poison.

Maintenant tu peux raconter, répandre notre voix que les humains sachent que nous aussi sommes          là, plus vivant que vous ne le croyez et qu’ensemble  nous pouvons dialoguer.

 Que les humains s’ouvrent à nous et nous nous ouvrirons à vous.  Il y a quelque part un lendemain ensemble.

-Trace pour nous le cercle ami ! Trace le pour nous.

Je quitte mon fauteuil d’hôte et vais vers la forme de mousse qu’a présent je connais bien.

De ma main, avec respect je balaie les feuilles mortes qui  tapissent la terre  et trace un cercle autour de la forme moussue, dont le velours vert ressort sur le noir de l’humus parfumé d’automne

-          Cela nous ne le pouvons pas me disent les arbres de leur voix d’arbre, en me regardant tracer le cercle,  et cela tu peux le faire pour nous…ça et mille autre chose et ce cercle que tu trace sur la terre, nous en échange pouvons le tracer en vous.

Et ce cercle là que savent tracer en nous les arbres,  je le perçois en moi, tissé en moi, parfait, équilibrant  pareil à un  oeuf de lumière, celui là même  tissé par les végétaux avant même que j’arrive au bois fol. Je me sens à la fois réparé et énergisé.

-          Trace pour nous ! Trace ! scandent ils.

Je poursuis  et finis le cercle.

Envie de pisser.

 Un instant pris de considérations morales bien humaines,  j’hésite à pisser en ces lieux magiques mais je perçois aussitôt que je le peux, qu’il s’agisse d’une offrande mon eau.

Un cycle, un autre cercle sacré.

Celui de l’eau qui entre en moi qui sort en moi. Il n’y a là rien de blasphématoire.

Une grenouille arrive en sautant et  s’arrête près de moi. Sans peur elle se dirige vers le cercle dont la forme moussue me fait penser au lapin que les chinois voient dans la lune.

Le bois fol n’est plus fol. Le bois fol est doux et sourit du sourire de celui qui c’est bien amusé.

Je m’allonge au sol, je suis bien  dans les bras de cette forêt  qui goûte cette nouvelle saveur qu’il y a en moi  et dont de la sagesse   m’émerveille.

Je reste ainsi un temps indéfini à goûter simplement le plaisir d’être là jusqu'à  ce que je comprenne qu’il est temps pour moi de continuer mon chemin.

Je quitte le bois et lui dis à bientôt.

Au sortir du bois les bruyère sont là et les flammèches  violettes  qui émanent  d’elles colorent un instant le cocon de lumière qui m‘entoure.

Je me sent en gestation, quelle éclosion  cet œuf va-t-il faire naître de moi ?

 Légère ivresse. La tête me tourne.

Je continu ma promenade.

Soudain je sais avec évidence qu’un serpent est là et que je vais le  voir

Quelques pas plus loin, passe paisiblement un magnifique  serpent noir.

Mes perceptions se sont intensifiées.

Je suis plein de gratitude.

Le futur pourrait être si beau.

 

 Vo     us trouVous trouverez plus de choses dans les forêts que dans les livres. Les arbres, les pierres, vous apprendront ce que les maîtres ne sauraient vous enseigner. »

Attribué à St Bernard

 

dimanche 24 août 2008

BUGARACH La Montagne chamane



AOUT 2008


Il est un lieu, un espace à la fois dans et hors l’esprit
Où la peur cesse d’ériger ses murailles,
Un lieu où elle cesse de planter son ancre,
Un lieu ou soudain le voyage est.
Un lieu de milliards de destination
Un lieu ouvert à tous les espaces et à tout les temps.
Le cœur du monde.

Du plus essentiel de mon être jusqu’au plus profond de ma terre j’ai ressenti l’appel et l’enchaînement de synchronicités ne m’a plus laissé le choix.
Il me fallait partir, partir pour cette montagne en quête d’inspiration et de vision.

D’une formidable présence la montagne solitaire, est posée comme un sphinx sur un paysage de colline qui vers le sud, s’élèvent en montagnes : les pyrénées.
Je comprends à présent qu’elle génère tant de craintes et tant de rêves.
Rien d’étonnant à ce qu’une aussi surprenante présence agisse puissamment sur la psyché humaine.

Il court de folles histoires sur ce lieu et à la contempler je le comprend tant il émane d’elle une puissance étrange qui résonne dans toutes les strates tout mon être.

On y croise des histoires de trésors mérovingiens, de base extraterrestre, de petits gris, de porte vers le royaume d’Agartha, de portes spatio-temporelle, celle de Rennes le château, jusqu'à l’arche d’alliance dont elle serait le refuge.
Je souris à cette idée et un instant je me vois comme un moïse new age grimpant le Sinaï…vais-je discuter avec un buisson ardant et recevoir gravées par le feu du ciel les nouvelles tables de la lois. Je verrais bien un truc dans le genre :

Tu aimeras la terre comme toi-même.
Tu aimeras la vie comme toi-même.
Tu seras la vague qui prend conscience de l’océan.

Tu aimeras la vie comme toi-même car tu es toute vie.
Tu es toutes les paix et tout les conflits.
Tu es toutes les houles et toutes les grèves.



Voila que déjà la montagne sans même l’avoir gravis me fait délirer.

Si les mystères du mont m’intriguent ce n’est pas eux qui motivent ma quête.

N’en déplaise à ceux qui veulent croire absolument, la légende qui dit que les avions ne survolent jamais Bugarach est fausse et je vais pouvoir vérifier celle qui dit que les boussoles et instruments électroniques s’affolent, celle si est vrai.

Le ciel est gris et je redoute la pluie.
Je me suis arrêté à Limoux pour acheter une bâche pour le cas ou il pleuvrait.
Je ne veux pas reculer.
C’est maintenant et quoi qu’il se passe je dormirais au sommet

J’ai dans mon sac un duvet chaud, une couverture, des vetements chauds, un bonnet, la bâche, de l’eau et un pain aux fruits secs, quelques cristaux et un hochet, de quoi écrire et un appareil photos et bien sur une boussole pour vérifier si comme certains le disent, ici les boussoles s’affolent.

Là haut, à plus de1200m il peut faire froid. Très froid et humide.
Ici on dit que s’il y a un nuage, il est pour Bugarach.
Je pourrais très bien passer cette nuit noyée dans les brumes humides des hauteurs.

LA première partie de l’ascension se fait sur le bitume et le souvenir lointain de mon pèlerinage vers Compostelle se ravive.
Je porte le même sac à dos, toujours fidèle au poste et le rythme naissant de mon pas pour un même élan mystique me rappelle l’hypnotique rythme du tambour qui après le voyage en voiture me reconnecte à la terre.

Dans le ciel gris juste au dessus de moi, un aigle tournoi comme un signe amical.
Passé une barrière je commence le chemin de randonnée.
Mais peu à peu l’énergie des lieux m’apaise.
J’entre dans un tunnel végétal matriciel.

Parfum de buis et de garrigue. Douce humidité à la saveur.

Devançant mon pas, une multitude de petits papillons se posent devant moi s’envolant sans cesse plus loin semblable à des fées voulant me guider ou me souhaiter la bienvenue. Certains sont d’un beau bleu gris, d’autres de feu et de terre.
Ciel et terre.
Mon regard s’émerveille.

Obéissant à l’inspiration, sans chercher à savoir pourquoi, je ramasse sur le sentier qui commence à bien grimper, des petites pierres noires, qui sous la caresse de mon pouce deviennent lisses brillantes et douces au toucher.
6 petites pierres.


Passage.
Un étrange sous bois très sombres, un ruisseau asséché, chaos de pierres ou poussent de manières reptiliennes des buis haut et fins, presque tentaculaires. La tête me tourne je perçois ici une très forte énergie.
Ici se tiennent des gardiens.
Comme lors des voyages chamaniques que je fais au son du tambour, je sais qu’ils sont là pour tester mes peurs. Je perçois leur présence en moi qui cherche les failles, les peurs pour s’en emparer et les faire croître.
LA montagne est protégée.

Si leur présence peut se révéler effrayante, je sais combien ils tiennent leur place dans l’écologie subtile du monde, combien ils peuvent nous enseigner sur nous même en temps que baromètre de nos peurs.
Dans ma voie chamane, j’ai appris l’importance d’accueillir, de reconnaître mes parts d’ombres.
J’ai découvert combien il était important de m’alléger de tout ce qui m’encombrait et qui faisait obstacles à mon cheminement vers plus de légèreté non pas en le refoulant mais en l’accueillent, en acceptant de regarder.
Sur le chemin chaman, on explore des territoires au delà de la conscience ordinaire, lors de ces voyages on rencontre des énergies bien au delà des formes qui pour nous être accessible, pour prendre sens, puisent en nous l’apparence la plus signifiante.
Celui qui est plein de craintes et qui redoute l’inconnu, risque de revêtir des oripeaux de ses peurs ce qu’il ne comprend pas.
Je ne suis pas adepte de l’enfouissements de mes ombres par de la pensée positive. Mon cheminement m’a appris combien il m’était nécessaire d’être lucide et d’accueillir toutes les parties de mon être.



Toi qui emprunte le chemin chamane
Si tu redoutes la solitude et l’ombre
Reste dans la douceur de ton foyer

Je me relie aux gardiens. Je les laisse explorer en moi ce qui m’emmène ici. Je reconnais leur raison d’être, je les remercie : Je dois continuer.

Ma tête cesse de tourner. Ils me laissent passer.

De manière subtile je commence à chevaucher les mondes.
A présent je suis ici mais aussi un peu plus de l’autre coté.
Un des nombreux voiles qui protége la montagne vient de se lever.
La fragrance des buis, parfum solaire qui se fait plus puissante, affine mes sens
et par la porte de mon odorat m’ouvre à des perceptions de plus en plus subtiles.
Je SENS.


Je continu mon chemin. Je monte.
A l’entrée d’un autre couloir végétal une voix intérieure me dit qu’il me faut là faire une offrande et je réalise le pourquoi des petites pierres noires.
Au même moment une singulière branche noueuse à tête d’oiseau pousse une sorte de cri.
Frottement de 2 branches produisant ce son vraiment saisissant.
Je cherche ou déposer mon offrande.
La branche impatiente que j’agisse, cri à nouveau.
Au sol j’aperçois un petit tas de pierre comme un Chorten miniature. D‘autres on entendu l’appel.
Je dépose non loin mes 6 pierres noires avec au centre une coquille d’escargot vide qui se trouvait tout prés.
Caracole Spirale.

En regardant cette spirale d’escargot je repense à une phrase de A. C Clarke, l’auteur de « 2001 odyssée de l’espace », qui dit en substance que mère nature, reproduit à différentes échelles, les mêmes formes, du nuage de lait dans la tasse de café ou de thé, jusqu’au nébuleuses spirales.
J’irais plus loin en disant qu’au delà des formes physiques, ces formes archétypales sont aussi présentes dans les couches plus subtiles de notre être.
Corps certes, mais aussi Esprit et Ame.
Corps par la matière qui nous constitue, Esprit par les processus psychique tels que cheminement interne par exemple et Ame par la grande danse des Ames qui en un indicible vortex se rapproche tour après tour du centre.
Cette vision ternaire, Corps Esprit et Ame, est un des éléments essentiels de nombreux chamanismes traditionnels et c’est un élément fondamental du nouveau chamanisme tel qui il est en train de naître en occident.

A peine mon offrande faite, le soleil, que je croyais ne pas voir aujourd’hui, fait une apparition.

Je poursuis mon chemin vers les cimes où tournoient les aigles.

Au creux d’un arbre d’où partent 4 branches noueuses, un creux rempli d’eau me fait penser à un bénitier naturel.

Nouveau rite.
Je trempe mes doigts dans l’eau brune et me mouille le front et le cœur.
Une douce sensation de force parcours mon être.
Nouveau passage.
Un autre voile qui se soulève.



VOIX
Tu es une force dans la force !
Tu es une vie dans la vie


Chemin de buis.
Un souffle interne me dit qu’il me faudra veiller à ne tuer aucune vie ici.
Je poursuis mon ascension.
Chorten et offrandes égrène le chapelet de mon pas

Un forme dans le rocher, comme une poignée sur laquelle se dessine vaguement un visage, comme effacé par le temps, me sert à grimper le roc qui devient abrupt. Sa surface est par endroit lisse d’avoir été touchée par des milliers de mains.
A peine m’y suis-je agrippé, que le vent froid et fort qui annonce les cimes cesse brusquement.
Clef des vents.
Un autre passage.
Un autre voile qui se soulève.
A cette altitude, il n’y a plus d’arbre, mais des formes rases de buis et de genévrier qui recouvrent le roc et les pierres glissantes,agrippées au sol à force de tant de vent.
Une tête de thym cueillie plus bas, parfume encore ma bouche.
Les rochers jouent avec les apparences.
Formes bizarres sur le fil, changeantes. Roches gardiennes, metamorphes, prêtes à se nourrir des images de mes peurs ou de mes aspirations.
Pierres maîtresses des illusions. Pierres miroirs.



La ténèbre c’est ce qui nous soumet, la lumière ce qui nous rend libre.

Je regarde derrière moi.
Je surplombe les alentours.
A cette altitude le paysage est saisissant et l’on perçoit les forces colosses qui ont agités la terre et modelé ces lieux. Je me sens tout petit.
Les Pyrénées dans le lointain percent les nuages. Le paysage est époustouflant.
Le vent froid qui a repris et souffle par rafales est le souffle même de la vie.

Je ne réfléchis plus. C’est mon pas qui me guide et je laisse l’attraction du lieu agir sur la matière en moi.
Le rocher appelle ce qu’il y a de minéral en moi.


Mes os sont de pierre.
Je célèbre la pierre
Mon sang est d’eau.
Je célèbre l’eau.
MA chair est de terre.
Je célèbre la terre.
MA chaleur est de feu.
Je célèbre le feu.
Au centre de moi se tient une source qui abreuve et irrigue toute vie.
Au centre de moi se tient un soleil qui illumine et fait croître toute vie.

Apres un étroit passage j’arrive à une sorte de plate forme sur une crête qui se courbe pour faire face à un immense roc : la tête de la montagne.
Face à moi, colossal un immense visage minéral me regarde avec une douceur incroyable malgré la puissance qui en émane.
Ce pourrait être le visage de Cernunnos, ou celle d’un sphinx d’un style indéfinissable c’est le visage que la montagne me donne à voir.

Je suis arrivé.

Un tas de pierre entourant une pierre dressée parle de déférence et de rite.

Je fais une offrande
A présent le soleil brille. C’est pour moi un signe que je suis accueilli.
Je me sens ici chez moi d’une incroyable manière.
Je ne me sens plus sur terre. Plus dans la réalité commune que nous partageons tous au quotidien.
J’ai franchis le voile.
Le vent frais et vif souffle.
Je suis seul humain seul et heureux.

Je laisse la présence bienveillante du mont résonner en moi, de vieilles mémoires reviennent. Je ne sais pas qui je suis mais je sais ce que je fais.
Sans réfléchir j’accompli les rites oubliés. J’entre en résonance avec le lieu et le temps.
Je deviens une antenne que la force de la montagne utilise pour amplifier un harmonique de guérison pour la terre et tout les règnes qu’elle abrite.
LA montagne vivre en moi.
Je ne pense plus, je fais.
Je suis là. Vibrant dans l’harmonique de la conjonction.
Le chaman est un être poreux et cela me traverse, s’amplifie en moi dans la caisse de résonance de mon être, unissant mes 3 strates, Corps Esprit et Ame.
Il n’y a plus qu’un à présent.
Des vagues émanent de ce lieu comme l’onde d’une pierre jeté dans l’océan du monde.
Je ne sais pas. Je sens.
Tout est simple.
Je me laisse porter. Les gestes viennent

LA sensation océanique d’être ici et maintenant chez moi ne me quitte pas.
Ce n’est pas lié a une quelconque résurgence d’une vie passée. Non, c’est plus essentiel que cela, infiniment plus.
Je suis chez moi dans l’espace et le temps.


Sous le regard et la présence puissante et aimante de la montagne, porté par l’inspiration de mémoires éveillées, je ressemble des pierres et fais un autel.

La nuit est tombée
Je m’éveille.
Une étoile filante trace dans le ciel, un éclatant chemin de lumière d’une rare intensité.
Merci !
Une lune d’un rouge incroyable se lève.
Couché à même les pierres, je me sens accueilli et protégé.


Si proche du souffle de vie qui insuffle la force au cœur même de chaque cellule…


Le vent froid a cessé remplacé par un souffle tiède que je reçois comme l’haleine parfumé de la montagne qui d’une exaltante douceur me caresse, me berce et fais rayonner en moi le grand soleil central.
Des rayons lumineux, comme des filaments partent de moi jusqu'à ceux que j’aime puis au delà, vers tout les êtres.
Sous moi la roche se fait chair et j’ai l’impression de faire partie intégrante, de manière à la fois charnelle et minérale, de ce lieu.
Energie d’une douceur infinie .
Caresse du souffle tiède.
Je quitte mon bonnet et ma veste, sors à moitié de mon duvet.
Le roc sous moi palpite.
Le grand visage minéral, couronné d’étoile veille avec une infinie tendresse, un doux sourire sur sa face énigmatique.
LA grande ourse comme diadème.
La lune rouge de tout à l’heure est devenue brillante d’un argent qui révèle d’autres mystères.
Les pléiades passent.
Je suis seul à des heures de toute présence humaine.
Je pense à toutes légendes que l’on raconte.
Je comprend les peurs que le mont suscite et n’en ressent aucune.
Ça en est stupéfiant. Je dors entouré de précipices, loin de toute présence et je ne ressens que cette paix et cette bienveillante présence.
Là montagne est la pour amplifier ce qu’il y a de meilleur en nous et par les gardiens se protége du pire.
Je comprends alors combien il était important ce grand nettoyage que j’ai subi ces dernières années.
Je suis gorgé de douce force. Pas l’ombre d’une ombre en moi.



Je réalise qu’ici le masculin et le féminin, le ciel et la terre s’unissent pour enfanter celui qui vient et répond à l’appel du père céleste et de la mère terrestre.
Ici Gaia et Cernunnos ne font plus qu’un.

Dans la nuit, le roc face à moi avec son diadème d’étoile m’a fait pensé à la montagne de rencontre du 3eme type.
Je souris.
Toute la nuit j’ai senti sous moi et prés de moi la magique présence due la montagne accueillante.
J’ai senti le monde sous moi, autour de moi et en moi, j’ai ressenti cette lumière qui brille en chacun de nous et qui pourrait changer la face du monde pour peu qu’elle croisse.
L’aube se lève et le visage encore couronné d’étoiles ne m’a pas quitté des yeux.
Le souffle du sommet est toujours aussi tiède.
TOUT EST VIVANT.
Dans la radiance de l’aube, Gorgé et guidé par cette rayonnante énergie j’ai accompli un dernier rite.
Puis comme un au revoir j’ai ressenti ces mots :

- « Soigne la terre me dit le mont. »Puis il a ajouté : « ‘Jai laissé un cadeau en toi. »

Au retour j’ai dis au revoir à tout les gardiens.
J’ai fais ce que la montagne voulait que je fasse et je comprend que le devoir du chaman est d’alléger le monde des douleurs des hommes.
En pensant cela, j’ai réalisé que pour la première fois je venais de me considérer comme chaman et non plus comme apprenti chaman.
Je compris alors le cadeau de la montagne.
Elle m’avait révélé chaman.


« Le ciel s’éclaircit quand un/une chaman ( re)trouve son pouvoir. »


vendredi 2 mai 2008

L’arbre Maître

L’arbre Maître


L’arbre cosmique est le centre du monde et l’échelle qui y mène.
Il est la force viride puisant au cœur de la terre qui s’élève jusqu’aux cieux.
Il est en bas.
Il est ici.
Il est en haut.
Il est au centre de tout, à la fois en moi et à l’extérieur de moi.
Son emplacement ne connaît pas les mêmes lois que moi car je me limite.
Ma crainte du vertige et ma peur de l’immense créent une frontière autour de mon univers.
Pourtant mon être est cet arbre, cet axe, cette échelle.
En prendre conscience fait circuler la sève du monde.



Soudain face à l’arbre l’emprise cessa.
Dans le cercle de sa frondaison dans celui de son chant/champs, le brouhaha qui à chaque seconde tentait de faire de moi un être de dépendance jusqu'à la folie, cessa et fut remplacé par une douceur et un bien être d’une indicible puissance.

Les chaînes qu m’enserraient se desserrent et tombèrent au sol.

Mon souffle se fit plus ample et mes perceptions se modifièrent, s’affinèrent et m’ouvrirent à une présence qui ne voulaient et n’attendait rien de moi, une présence centrée et rayonnante de la danse des forces du ciel et de la terre qui montaient et descendaient en lui, devenu l’arbre cosmique.

Le Maître arbre, rayonnait alentour d’une radiance que je ne pouvais que qualifier...d’amour, c'est-à-dire d’un total sentiment d’ouverture et d’acceptation de toute vie, de toute chose.

Cette « voix » d’arbre participait à un tout que je perçu soudain comme un chœur infini allant du moindre grain de terre aux étoiles, de la moindre feuille aux soleils, un chant parcourant toute la création et au delà…

A cet instant je devins poreux, plus léger, comme si chacun de grain de matière dont j’étais constitué était soudainement entouré d’un souffle dont il devenait le centre.

Un souffle à la fois doux et puissant parcourait mes cellules et je ressentais en moi les galaxies, la terre dont j’étais fait.

Le feu secret qui me donnait chaleur et vie me révélait ses forges.

Je découvrais, émerveillé, que de puissants fleuves et des ruisseaux coulaient en moi.
Je sentais avec force le flux et le reflux de marées intérieures.
Un chant me fut offert :
i
Prière Chamane.

Mes os sont de pierre.
Je célèbre la pierre
Mon sang est d’eau.
Je célèbre l’eau.
MA chair est de terre.
Je célèbre la terre.
MA chaleur est de feu.
Je célèbre le feu.
Au centre de moi se tient une source qui abreuve et irrigue toute vie.
Au centre de moi se tient un soleil qui illumine et fait croître toute vie.


Un souffle, plus qu’un souffle, caressait mon être tout entier jusqu’en son centre qu’il me révélait et ou je le découvris, se tenait l’arbre, présence d’une stupéfiante beauté qui me dit alors ce que les mots ne pouvaient dire mais qui je le sentais ne se partagerait que dans les actes.

J’étais poreux, ouvert.

Dans le flux qui allait et venait en moi se tenait l’axe du monde.

« Tu n’es rien ! dit une voix »
Je l’acceptais car dans cette vision là peux m’importait de n’être rien tant la contemplation de cet instant me suffisait. J’étais alors riche de pouvoir ressentir et vivre l’indicible présent.
J’étais observateur et plus bien plus que cela. Infiniment plus.
J’étais l’élan qui parcourant la joie des mondes.
J’étais le souffle puissant du monde.
Le souffle de vie.



Combien de temps cela dura t’il ? Je ne saurais le dire. Mais cela m’amena jusqu'à « JE SUIS ! »

Lorsque j’ouvris les yeux l’arbre était là...d’une autre manière.
Mais chaînes elles aussi étaient toujours là…mais d’une autre manière. Moins serrées... mais surtout je les voyais.

lundi 7 avril 2008

C’est pied nu sur la terre

C’est pied nu sur la terre que je me sent le plus fort, le plus vivant, le plus vrai.
C’est dans la caresse du vent ou de l’eau sur ma peau que je suis véritablement moi. C’est dans les vagues que je renais, c’est sous la lune et les étoiles que s’ouvre grand mon âme, et c’est dans la lumière du soleil que je m’éveille.
Près des flammes et dans l’orage je puise ma force. J’ai besoin de nature, la terre est ma chair et ma chair est de terre, les atomes qui me construisent sont nés un jour au cœur d’une étoile.



« Lorsque vous vous sentirez petit, seul et triste
Lorsque vous serez dans l’ombre
Rappelez vous qu’un jour, les atomes qui tissent vos corps ont étés étoiles, ont voyagés dans l’espace, ont été plantes fleurs et animaux et ont connu l’Eau, l’air ; la terre et le feu.
Rappelez vous qu’ils ont participés à d’autres vies, ont été partie d’autres êtres.
La vie est passage
LA vie est voyage.
Admirez la beauté d’une fleur et dites vous que vous l’avez été.
L’eau que vous buvez et qui vous emplie à été océan, lac, rivière et pluie de printemps.
Le souffle qui vous donne vie à parcouru montagnes, foret et prés.
LA chaleur de votre corps est chaleur de feu.
Tout cela est en vous et vous êtes tout cela.
Vous êtes l’univers et l’univers est vous.
Par cela nous sommes tous Sœurs et Frères, en cela et en bien d’autres choses. »
Sara la kali



Il ne tiens qu’a moi d’ouvrir ou de fermer les portes d l’intensité.



Si je m’allége un peu de ma raison, tout me parle, tout communique.
C’est une position très hérétique en terres rationnelles, pourtant nombreuses sont les cultures qui croient cela.





Dialogue avec la nature
JE parle avec les arbres, les nuages, les pierres, Je parle à l’orage, à l’océan. Ils me parlent, non pas avec des mots, mais dans un « sur langage » que la raison (l’éducation, la culture ?) ne peut et ne veut comprendre.
Les voix me parviennent, plus proche de la musique que des mots, le chant de l’univers.
Oui les choses ne parlent pas, elles chantent à mon cœur et à mon âme.
Assis près d’un chêne je sent sa présence, sa force et son chant.
C’est là un autre degré de l’audition ou tout l’être se fait oreille. Et ce que j’entends me dit entre autre que ce n’est pas parce que je suis gay que je n’ai pas ma place dans l’ordre des choses. Loin de la.
Le cosmos n’est pas homophobe.

Le Vent
Qui prend encore le temps d’écouter le vent, de le sentir ?
Il y a au crépuscule des souffles qui enseignent.
Lorsque la bible parle de souffle, c’est de l’esprit de Dieu qu’elle parle. Pour moi c’est une voix du monde, une voix dont je connais un peu la langue.
A « l’heure des portes », à l’heure ou le soleil s’en va vers l’Amenti, je me laisse m’ouvrir et les souffles me traversent et me disent toute la beauté de la vie. C’est une source vive ou je puise ma force, physique, mentale et spirituelle.

Sans la nature je ne suis rien, probablement le Sida m’aurait il emporté depuis longtemps si je n’avais appris a y puiser mon énergie.



J’aime ce grand silence. J’aime ce vent doux et parfumé. J’aime ce ciel gris et bas et la danse des cimes.
Les carillons sonnent sur l’airial.
Dedans le feu crépite. Je suis sur le seuil. Heureux dans la paix des bois. Ici. Pleinement ici.
Chant des hautes cimes.
Danse des flammes dans l’âtre.
Mon ami le feu, mon amour le feu. Mon allié le feu.
Il flotte une odeur de résine et de bonheur paisible.
Tiède est la brise. Rugueuse l’écorce. Vert bleu le lichen.
Le sol est humide. Paix dans un instant d’éternité.


Terre mère. Grand bois.
Longues pistes de sable blanc.
Un grand ciel bleu qui s’étire jusqu'à l’éternité
Et je marche marche, marche , marche.

Les feuilles mortes sur l’airial volent,
Et les grandes branches des chênes nus de l’airial
Dansent avec moi, pour moi et pour le monde.
Le soleil est ressuscité . Sol invictus.
La lumière a gagnée et réchauffe la terre
Et je sens la vie qui coule dans mes veines comme dans l’arbre coule la séve.
Soleil, grand soleil
Père soleil, terre mère, de mes pieds à ma tête.
Ces mots qui s’échappent de moi
Comme s’échappe la vapeur de mon souffle, le parfum de mon corps.
Ces mots comme l’herbe sur le corps de la terre
Des champs de mots caressés par les souffles.
Les grands vents qui préparent la renaissance du monde.
Le sol qui se découvre un peu comme se découvre une épaule
Comme une paupière qui révèle le désir d’un regard
Un œil d’amour, une invitation à jouir de la vie qui court, qui danse, chante et rit, pour moi, pour moi.
Je te tins dans mes bras, doucement, doucement, nos corps se fondent l’un en l’autre
Vague sur la plage, pluies dans la mousse. Un peu de salive comme un fil de cristal et le parfum fou qui embrase toute vie et se répand d’ici ou nous sommes jusqu’aux nuées d’étoiles plus belles que les rêves, jusqu’aux nuées d’étoiles aux gestes de la vie, les caresses, caresse, nuages et brins d’herbes, caresse, caresse

J’ai dansé sous la lune, mes bras branches sous les bois dansaient.
J’ai dansé sous la lune vêtu de nuit accompagné de lumière.
Mes bras tambours ont dansé sur la terre
Mon corps c’est fait terre.

samedi 22 mars 2008

La maladie initiatique

« L’œil !
L’œil noir !
Un cri dans le silence.
Il avance l’air est épais
Silencieuses des ombres passent.
L’œil !
L’œil noir !
Un éclair dans le jais sombre.
L’œil immobile me fixe
Et je vois
L’âme du corbeau
Dans l’éclair noir »
Le livre des forces




Illumination. 1987

Dans ce squat sans chiottes sans eau ni fenêtre, sur ce matelas poussiéreux et parfumé à la bière où il suffirait de s’allonger nu pour tomber enceinte, avec pour seul compagnon mon rat à tumeur, je réalise à cet instant que je ne suis rien, que je vais probablement finir ma vie dans un caniveau ou sous un pont, étouffé par ma gerbe ou défoncé jusqu’à la mort, voire même privé de liberté pour de longues années, parce que ma haine ou la folie qui m’enrage auront été si forte que j’en aurais été peut être jusqu’à tuer.


Je ne sais plus pourquoi je lis la bible et c’est déprimant, je n’y vois que les jugements, colères et punitions d’un dieu qui n’est rien d’autre pour moi que la caution à la folie des hommes.
Ce dieu là est homophobe, misogyne, cruel et guerrier, à se demander si l’on ne s’est pas fait avoir car il pourrait bien être en vérité, le prince des intolérances et des supplices, à la fois le symbole et la source de nos ombres, inverse de ce que l’on prétend qu’il soit.








Les canettes de bières, les filtres de clopes et de pétards jonchent le sol.
Trop de défonces diverses et variées et trop d’alcool : ma quête de l’extase vire chimique et c’est pas bon pour mon moral.
Cette semaine j’ai encore disjoncté. Je me suis jeté sur Néné. Je l’ai mordu au crâne, puis j’ai éclaté les vitres de sa deush à coup de rangers pendant que Priscille qui l’accompagnait braillait que j’étais devenu fou.

Je suis donc là à lire la bible, disais-je, pour me démonter le moral ou pour me changer des « Chants de Maldoror », quand soudain me vient l’illumination.
Je me souviens qu’avec Christophe qui vient de se tirer une balle dans la tête, nous avions regardé les premières images putassieres, dans Paris match, de ce qu’alors on appelait le cancer gay, un terrible avant/ après photographique d’une des premières victimes médiatisées de l’épidémie.
Je réalise que je vais aller m’infecter parce que cela m’apparaît comme la seule et unique solution.

Je vis entouré de haine. Etre qui je suis me coûte une énergie considérable. Les humains ne sont pas tendre avec la chose que je suis, travelo morbide, ange déglingué cheveux noir et rouges, robes, bas résilles.
Je suis un rat, je bouffe ce que je trouve, je chie oû je me trouve faute de chiottes.
Je suis sur que vous n’imaginez pas combien l’absence de chiottes ça vous colore un lieu. Je vis de squat en squat, de cave en cave devrais-je plutôt dire, tant je suis abonné aux sous-sols sombres et humides comme des cryptes.
A présent tout cela n’est plus un choix je le réalise et la fierté que je ressentais à vivre cette vie hors des normes me jette hors du monde et loin des hommes au point qu’il m’arrive de ne plus me sentir humain. LA mort m’obsède sans que je ne sache plus vraiment ce qu’elle a à me dire, pourtant je ressens puissamment le besoin d’aller au bout de mon ombre et j’y suis presque.
En moi raisonne cette phrase lue dans une biographie Giordano Bruno, brûlé pour hérésie « La connaissance passe aussi par les égouts. »


Je bouffe un morceau du gruyère que j’ai récupéré au secours catholique, je regarde Tchernobyl, traîner joyeusement sa tumeur.
Je regarde ma vie derrière moi…c’est douloureux.
JE n’ai plus ma place ici et pas de cette manière.

Trop habitué à survivre, il m’est impossible de me foutre en l’air, je vais ruser avec mon colossal instinct de survie, m’infecter, ouvrir en moi la porte à la mort lente et virale, me détruire et aussi peut être me sauver.
Je dis adieu à mes derniers amis, me coupe les cheveux et les teint en noir, pour en effacer les dernières mèches rouges, prend un sac qui contient tout ce que je possède ici bas, donne Tchernobyl et part vers la cote d’azur ou j’ai fait il y a peu, le tapin.



Crucifixion

L’esprit étant un merveilleux acrobate, ma décision prise, j’ai agis en son sens, ne pensant plus à elle, l’enfouissant tout au fond de moi.
Je me suis rendu amnésique.

Je n’ai baisé qu’avec un mec et par un sombre miracle ce fut le bon.
Son foutre et son sang charriaient en leur substance, le mal que je cherchais.
Je l’ai rencontré un Bar où je trouvais auparavant nombre de mes clients.
Le lieu me paraît lugubre. Le sida est passé par là et je n’y reconnais personne.
Je m’assois au bar.
il est là, à coté de moi.
On boit un verre, On parle un peu.


Il me caresse et comme je ne dis rien il m’invite chez lui. J’accepte.
Il parle un peu de lui, pour meubler.
On fume un mauvais shit.
Son visage est marqué par la fatigue.

Il est excité
Il se jette sur moi et ne pense qu’à m’enculer…sans Kpot.
J’aurais la désagréable impression d’être crucifié.
Sans plaisir je m’infecterais dans la douleur.
Il c’est enfin endormi.
Près de la table de chevet, je remarque une pyramide en carton qui semble me dire quelque chose.

J’ai les tripes en feu.
Pendant qu’une vieille insomniaque dit des trucs surréaliste à sa Cb juste derrières la cloison, je passerais la nuit sur les chiottes à me vider comme si mon corps, sentait et cherchais à évacuer le virus qui venait d’entrer en lui,


Pendant que les Stars brillantes de paillettes et de strass montent et descendent le grand escalier du palais des festivals, moi j’entrais en Sida.
Au petit matin je l’ai laissé, il ne m’a pas offert de petit dej.
Je suis parti vers le bord de mer, avec toujours une chiasse colossale et sans un sou pour entrer dans un bar ou des toilettes publiques.
Je suis un Sans papier. Je pue la merde.

Un vieil arabe en costard c’est approché de moi. J’ai cru qu’il en voulait à ma bite ou à mon cul merdeux.
Il voulait juste m’aider, parler.
Sa présence m’a fait du bien.

Je n’ai plus rien, rien qu’un sac à la consigne. Et face à l’horizon, je me sens intensément, mystiquement léger et libre.

Soudain s’impose à moi l’idée d’aller rendre visite à mes parents avec qui je suis en froid depuis qu’ils m’ont viré de chez eux parce qu’ils m’avaient trouvé au pieu avec un mec.
Je vais aller les voir, puis j’irais…J’irais je ne sais où et je m’en fout parce que je ressent quelque chose de nouveau : mon monde est ouvert !



Voyage chamanique. Morcellement



« Je veux être moi dans toute la splendeur d’un océan de flammes.
Je veux être moi dans toute la splendeur d’un océan.
Je veux être moi dans toute la splendeur.
Je veux être moi.
Je veux être.
Je veux.
Je… »



LE virus est en moi
Premiers symptômes primo infection particulièrement virulente.
Symptômes grippaux, courbatures, fièvre, fatigue sueurs nocturnes, puis ça empire.


Je délire. Je ne mange plus. Je maigris… au point de ressembler à un squelette.
J’ai les genoux Dachau : deux balles sur des pattes d’oiseau.
Je ne marche plus, je traîne un corps devenu lourd comme la pierre.
Subissant une irrésistible attraction de la terre, l’être vertical que j’étais devient horizontal et les quelques pas que je fais sont pour m’allonger plus loin à même le sol.
LA terre m’attire.
La terre m’aspire.
Douleurs dans mon corps broyé, Mixé, pulvérisé, passé au mortier.
Je perd mes eaux toutes les nuits à en tremper mes draps d’une sueur au parfum de fruit gâté.
JE ne trouve l’apaisement qu’allongé tout contre les flammes et les braises, sur la grande pierre d’âtre qui m’accueille tout entier, de cette vielle maison, le feu, le feu qui est au centre de tout, le feu qui est mon seul remède, le feu qui est mon centre lumineux et chaud.






JE délire.
Je voyage :


Voyage solitaire
Tout près des flammes,
qui dansent,
dansent…


JE suis moi
Je suis deux
JE suis cent
Morcelé et pour cela au fond de moi
Je cri

Froid, froid, j’ai froid
On croirait la mort
Froid et long
Un très long pont
Plus long que tout les ponts
Qui s’efface dans le lointain
Fascinant et terrifiant.











Balancement
Gémissement.
Douleurs.

JE veux que de cette nuit viennent le souvenir de mes ailes.

Balancement
Gémissement.
Douleurs.


Chaque trait- chaque ligne
S’accroche au trait d’une spirale
A chaque couleur
A chaque signe
VERTIGE
(Une voix dit : déchire l’apparence. Va de la substance vers l’essence)
Je m’élance
Chaque trait
Chaque ligne
Au cercle aspiré des spirales
S’unissent
A chaque couleur, a chaque signe.
Je m’enflamme.
FEU DANS L’EAU


Balancement
Gémissement.
Douleurs.


Avec quelles ailes ?
Vers quels cieux ?

Balancement
Gémissement.
Douleurs.





Tumulte
Et plus loin grand calme
La bas aux franges lointaines du monde encore un peu d’écume
Tinte sa joie.
Que les rives s’effacent…
Il y a présence et force en ces lieux



Que les rives s’effacent…
Des angles se déversent
Formes et coagulation
Illusion de substance
Présence…et fantôme
Que les rives s’effacent
S’effacent, s’effacent…




Balancement
Apaisement

Ecoute ! Écoute !
L’immense sollicitude
Caresse toute vie, toute chose
Air, eau, terre
Ecoute, écoute !
Et vois !
Vois le feu et embrase toi !

Balancement
Apaisement

Mourir.
Mon corps qui se morcelle, se dilue dans cette chaleur qui éloigne ce froid douloureux qui s’empare de moi corps et âme.





C’est une fièvre, c’est un feu.
M’élever ! Oh ! Quel poids !
Quel poids de terre, quel poids de chair. Elan prodigieux.
S’élever
Avec quelles ailes ? Vers quels cieux ?
M’élever par force, par volonté, par abandon.
M’élever vers la clarté. Clarté !
Clarté océanique clarté intensité
Un point d’éternité.




Balancement
Apaisement



… Une larme à l’œil, mon père tente de me faire avaler une bouillie, à la petite cuillère, comme à un enfant.
.



Flammes ! Flammes échos
Flammes clarté
Flammes forces d’embrassement
Feu ! Feu, puis son igné
Ecouter, écouter chaque image écouter chaque force
Ecouter, voir et entendre.

Balancement
Apaisement

La truffe humide et rassurante d’un chien contre mon visage











Atre,’astre.
L’âtre au centre même ou se consume et se tisse
Toute substance
L’âtre à l’être parle
Et l’être dort et rêve, non plus de mort
Mais de vie.


Balancement
Remembrement.

Un festin sans matière de parfums libéré de toute chaîne enfin libre et dansant, dansant
Réchauffe
Fertilisé.
renaît


Un mois à délirer à entendre des musiques si belles, à faire des voyages si étranges que je ne serais plus le même…
Voyager comme…Mourir
Mourir pour renaître.
Passage chamanique.
Voyage chamanique :
Le cachalot.

Voici la retranscription d’un voyage fait peu de temps avant que je ne découvre et utilise une des portes d’accès à ce que l’on nomme les « autres réalités ».
Ce fut là une expérience si forte qu’à ce jour elle m’habite encore et qu’il me semble sentir près de moi « l’esprit du cachalot », comme une présence formidablement puissante et bienveillante.
Avec le recul je m’émerveille de voir combien cette vision, préfigurait ce qui allait venir, mes voyages dans les autres réalités et la nécessaire descente dans mes profondeurs suivis du début d’un grand nettoyage de mon mental par la résurgence d’un terrible souvenir enfoui, qu’il me fallait affronter sur mon chemin chamanique. Affrontement que l’on retrouve dans toutes les tradition, celui de l’universelle épreuve de l’affrontement avec les » démons », la rencontre d’avec le dragon gardien de la caverne ou se tient le trésor, ici en l’occurrence , non pas de l’or, mais une porte…vers d’autres mondes.

Je l’avais trouvée, lorsque j’avais 12 ans sur la plage d’une île où jadis se perpétra le grand massacre des baleines et cachalots et depuis elle ne m’avait plus quitté, jamais trop loin.
C’était une dent, celle d’un cachalot, une dent blanchie et usée, par les vagues du temps et de l’océan.
Ce jour là, 30 ans plus tard, alors que j’étais dans ma roulotte, la dent s’imposa à moi sous un jour et une puissance nouvelle.
Avec évidence, sans réfléchir, je la pris dans ma main, m’allongeait, fermait les yeux.
Immédiatement des images vinrent.

L’océan. Je flottais au large, loin de toute terre, bercé par le rythme doux de vagues paisibles, en cette zone frontière entre ciel et eau.
Près de moi me regardait un cachalot dont je ne voyait que la tête.
J’ai immédiatement su que j’étais en présence de ce que de nombreux peuple premiers appellent un animal de pouvoir.
Sans mot il me demanda s’il pouvait rester près de moi.
Son corps immense et puissant était luisant d’eau.
Son œil brillant d’une formidable puissance contenue me fixait.
Il plongea
Sans chercher à comprendre, acceptant le voyage je me trouvais à le suivre.
Descente.
Descendre vers l’abîme.
Descendre dans l’obscurité grandissante.
Je sentais sa présence qui jamais ne me quitta.
Descente. Descente.
Jusqu'à la plus totale obscurité.
Malgré ma complète cécité, je n’avais pas peur dans cette noirceur sans tache.
Le cachalot me fit comprendre que je regardais avec mon regard habituel, qu’il me fallait utiliser un autre regard.
Il m’invita à partager son regard.
Alors soudain, je vis s’illuminer l’abîme.
Tout ici resplendissait. L’abîme n’était pas d’ombre.
Il y avait de la vie qui dansait partout autour de moi.
L’obscurité n’était que limite du regard.
La dent toujours dans ma main, posée sur mon ventre, je me sentis empli de force et de lumière.
C’était là le don du cachalot.

L’animal de pouvoir n’est pas celui que l’on attend mais celui qui se présente à nous. Avec Force.

Je sais à présent que je pourrais l’appeler quand j’aurais besoin de son aide et qu’en attendant que mon propre regard s’ouvre, il me prêtera le sien lorsque je voyagerais en bas.