lundi 12 octobre 2009

Magie des Pierres tonnerre:

La pluie est enfin là tout comme les souffles de l’automne rendant sensible le changement de saison et une pluie fine et longue mouille enfin la terre.
A peine arrivé dans le bois fol, je sais qu’il sent la présence des pierres tonnerres que j’ai presque automatiquement glissées dans ma poche avant de partir me promener en foret.
Silence.
Aucune voix ne me parvient, si ce n’est peut être un lointain écho disant quelque chose comme « C’est arrivé ! Frère étoile. C’est là »

Je me sens comme scanné traversé par l’onde des arbres qui cherche à lire en moi.
Ce n’est ni désagréable, ni inamical. C’est un peu la version sylvestre de ce que nous faisons lors de nos conversations humaines lorsque de manière plus ou moins subtile et plus ou moins consciemment, nous cherchons des informations sur l’autre entre les mots à l’aide de tout nos sens.
Je respire paisiblement et me laisse porter par une légère ivresse qui me gagne. L’énergie qui coule du lieu et de l’instant est grisante et un agréable et tiède tourbillon vaporeux nait et croit au niveau de mon plexus.
Au loin croasse un corbeau.
LA pluie c’est arrêté.
Sous une légère brise d’automne les arbres s’égouttent, puis revient le silence immobile.
Silence et sérénité de temple.
La glissade c’est fait sans que je m’en aperçoive. Simplement et naturellement je réalise que je suis dans l’autre réalité que j’appelle réalité chamane, dans une octave tout près de notre monde.
Je remarque qu’à présent cela s’effectue naturellement et sans heurt, sans que ma raison ne s’interroge sur la réalité ou la validité de l’expérience, sans douter.
Cela est.


Je marche au cœur du bois laissant comme il m’a été enseigné, mon corps, la terre en moi, trouver l‘endroit ou m’installer.
Je déambule au milieu des troncs longs et fins qui dansent, une lente danse d’arbre, danse avec le vent, mais aussi celle imperceptible au regard ordinaire qui s’anime à d’autres rythmes que nous humains ne pouvons percevoir qu’en état de conscience extra ordinaire .
Toujours aucune voix.

Je tente un « bonjour les arbres ! »

- Bonjour ami ! me répondent t’ils immédiatement

Le ton a vraiment changé depuis notre première rencontre.




Les éclats dorés des pierres tonnerres posées devant moi sur le sol couvert de feuilles brunes semble briller d’un éclat nouveau, du scintillement des étoiles.
Je pense frère étoile.
Soudain je sais ce qu’il me faut faire.
Je traverse le bois jusqu'à son extrémité ouest et cherchant un endroit ou poser une des deux pierres, je trouve une souche moussu qui comme un autel semble l’attendre. Alors que je vais pour couper une feuille verte de chêne pour la poser dessus, je reçois un NON ferme du bois. Je ramasse une belle feuille morte.
Je retraverse le bois dans l’autre sens, vers l’est cette fois quand soudain quelque chose soudainement me surprend au point d’emballer mon cœur.
Ce n’est que mon sac resté au centre du bois que j’ai perçu un instant comme une intrusion,
Je souris intérieurement en réalisent que je viens de ressentir ce que parfois ressent la nature. Ce qu a ressentit le bois fol lors de ma 1 ère rencontre.
Etrange et brutale sensation face a quelque chose d’étranger potentiellement dangereux qui m’a un bref instant renvoyé dans ma réalité d humain.
Je continu mon chemin jusqu'à ce que je trouve l’autre emplacement ou je pose l’autre pierre sur sa feuille puis je retourne au centre du bois près de ma sacoche.
Tout au long de ces 2 trajets je perçois comme un fil d’énergie qui relie les 2 pierres, une sorte de pâte lumineuse, mouvante , une sorte d’arc électrique agité de mouvement extrêmement lent, comme un ectoplasme.
Assis en tailleur je ferme les yeux et respire profondément relié au bois, aux pierres tonnerres la bas, l’une à ma droite, l’autre à ma gauche.
Je hume le parfum mouillé du sous bois et je perçois le lent éclair traverser chacune de mes oreilles. Je concentre mon attention et peu à peu je ressens naître un flots d’énergie qui relie en moi le haut et le bas.
Ciel et terre.
Je suis au centre d’une croix de lumière.
Un corbeau chante tout près.
Puis un rapace lui aussi se met à pousser des cris stridents.
Une pierre à ma droite
Une pierre à ma gauche.
Flux du ciel
Flux de terre.
Corbeau et aigle.
Lune et soleil.
Un geai joint sa voix.
Le bois reste silencieux tandis que la croix qui me traverse irradie l’espace alentour.
Soudain le flux semble s’inverser et tout semble s’effondrer sur lui-même en mon cœur comme un trou d’un noir absolu, une porte qui s’ouvre à l’intérieur de moi, un trou noir qui aspire tristesse, douleurs et mille autres poids qui imprègnent les lieux et alentour.
Je sens naître des larmes, non pas de tristesse mais de louange.
Au cœur même de cette porte noire, de ce vortex j’aperçois un point de lumière croissant, j’entraperçois des prairies baignée d’un jour joyeux d’où rayonne jusqu'à moi une incroyable vitalité. .


C’est magnifique et cela s’écoule ici, en moi autour de moi au travers moi.
Que c’est bon, je ressens cela comme le retour de forces anciennes qui avaient désertées le monde.
Un faune danse en jouant de la flûte. Pan ?
Je viens d’ouvrir une porte, ou plutôt devrais je dire qu’au travers moi c’est ouvert une porte. Car j’ai plus l’impression d’être un élément de ce qui vient de se passer que l’acteur de ce merveilleux événement.
Le bois me dit merci.
Plein de louange je perçois la bas dans le lointain de ma conscience, la danse de fées joyeuses.
Je réalise alors qu’en temps qu’homme je possède une clef pour ouvrir l’ici de notre réalité aux forces subtiles nécessaire à l’harmonie entre nous et la nature.
Une clef capable de renouer l’alliance perdue. Et je sais que cette clef et en chacun de nous et que chacun de nous peut permettre l’ouverture de ces portes que nous avons fermés, de ces portes qui s’ouvrent sur des univers dont nous gardons toujours la nostalgie et dont nous pouvons voir la trace dans notre littérature, nos films et autres créations issus de nos esprits.
Une nostalgie du merveilleux et de la magie du monde.
Il nous faut maintenant rouvrir ces portes que nous avons fermées pour que les forces tisseuses de vie puissent nous aider à réparer, harmoniser les déchirures que nous avons faites. En notre réalité.

Voila c’est terminé. Toujours ivre du flux je remercie la vie, le bois, les tisseurs et récupère les pierres tonnerres.
Il me faut quitter le bois sans me retourner. J’ai fais ma part d’homme.